Dialogue avec mon scénariste

J’ai eu la chance de rencontrer il y a une dizaine de jours déjà Agnès de Sacy, scénariste, entre autres pour Zabou Breitman (L’Homme de sa vie, sorti en 2006, et le prochain actuellement en tournage) et Valeria Bruni-Tedeschi (Il est plus facile pour un chameau…, 2003, et Actrices, 2007). Elle est également membre du groupe élargi du Club des 13, ce club de 13 professionnels du cinéma emmenés par Pascale Ferran, la réalisatrice du très beau Lady Chatterley (2006), auteurs d’un rapport alarmant sur la situation du cinéma français. Ce rapport, en vente en librairie (éditions Stock), pointe la disparition progressive et inquiétante des films dits « du milieu », ces films qui se situent entre le cinéma d’auteur à très petits budgets et les grosses productions commerciales, bref ces films qui ont fait la force et la renommée du cinéma français avec ses auteurs à la fois populaires et exigeants comme François Truffaut, Claude Sautet, Jacques Demy…

Ce rapport dénonciateur est aussi (c’est même sa force) un remarquable travail de pédagogie, soucieux d’expliquer en détails les rouages de la fabrication d’un film, de l’écriture jusqu’à l’exploitation en salles. Et l’écriture, justement, occupe un chapitre entier, avec ce constat très sombre qu’en France, le scénario est le parent pauvre de la production cinématographique. En moyenne, moins de 2% du budget d’un film est consacré à cette étape pourtant cruciale. Le Club des 13 aimerait voir cette part grimper jusqu’à 5% et préconise de consacrer exclusivement au scénario une part importante du fonds de soutien versé par le CNC (Centre national de la cinématographie).

Mais au-delà du manque de moyens consacré à l’écriture, c’est surtout un manque de reconnaissance que subit la profession de scénariste, une profession qu’Agnès de Sacy défend avec passion dans cette interview de 5 minutes (après montage) enregistrée un vendredi matin au café Le Wepler, place de Clichy à Paris.


12ème : « M. Cavada veut bien vous répondre, mais après la campagne »

Court entretien téléphonique avec Mme Chatrier, qui gère la communication du candidat Cavada (apparenté UMP)

– Allo? Bonjour, je suis journaliste pour MuniParis, je cherche à joindre Jean-Marie Cavada depuis plusieurs jours…

– Ah oui, j’ai bien eu votre mail. M. Cavada pourra vous répondre, mais après la campagne. Vous comprenez que son agenda est surchargé…

– Euh… C’est-à-dire que nous réalisons un blog spécialement consacré à la campagne des municipales à Paris. Il serait donc plus utile de le rencontrer avant les élections..

– Ah oui je comprends bien.. Mais bon là, c’est tout à fait impossible.. Ca prendrait combien de temps ?

– S’il est vraiment indisponible, un quart d’heure fera l’affaire, le temps d’avoir un son et quelques images..

– Et que voulez-vous lui demander ?

– Vous savez que j’ai déjà interviewé ses adversaires Michèle Blumenthal et Corinne Lepage. Il serait bon que les lecteurs de MuniParis, de plus en plus nombreux, entendent ce qu’il a à dire.

– Sur quoi vous les avez interrogés ? Il faudra que ce soit les mêmes questions, vous savez..

– Ecoutez, nous avons abordé plein de sujets.. Je pourrais par exemple commencer par lui demander ce qui lui déplaît actuellement dans le 12ème..

– Je vous dis tout ça parce que c’est important d’organiser les équipés..

Les « équipés » ?… Changer de sujet plutôt qu’être désobligeant..

– Au fait j’ai vu que Jean-Marie Cavada organisait une visite de terrain samedi matin dans l’arrondissement. Vous pouvez me dire où c’est ? Je pourrai en profiter pour le voir à ce moment..

– Non je ne sais pas où c’est.. Bon, écoutez, je prends votre numéro de téléphone et je vous rappelle dès que j’en sais un peu plus.. Oh et puis là j’ai besoin de 5 oreilles pour répondre à tout le monde, allez, au revoir, bonne journée..

Contrairement à ce que veulent faire croire certains de nos commentateurs, MuniParis est non partisan et reste soucieux d’apporter la contradiction à Michèle Blumenthal (candidate PS) dont la voix a déjà été largement relayée sur ces pages. A défaut de Jean-Marie Cavada, que nous ne désespérons pas de rencontrer, MuniParis a tendu son micro à Françoise de Panafieu, croisée dimanche matin rue des Martyrs, dans le 9ème.

Alors Mme de Panafieu, confiante pour l’arrondissement-clé du 12ème ? Réponse peu convaincue de l’intéressée :

Suite à un problème technique sur le blog, le son se diffuse légèrement au ralenti. N’y voir aucune parodie de mauvais goût sur la personne de Françoise de Panafieu.

« Jeunes actifs » cherchent bel électeur pour « redynamiser » l’est parisien

Ils ont plus de 30 ans, ce qui les exclut mécaniquement du club des « Jeunes Pop ». Ils ne sont pas encore installés dans leurs 45 ans et ne bénéficient donc pas de réseaux sociaux-professionnels solides qui pourraient les lancer en politique. Alors ils ont créé il y a deux ans le club intermédiaire, « Jeunes actifs« , pour fédérer les militants UMP encore pas trop vieux et qui découvrent tout juste sur le terrain le « travailler plus pour gagner plus ». De jeunes sarkozystes dynamiques, souriants et propres sur eux, qui rêvent d’installer Françoise de Panafieu à l’Hôtel de Ville comme ils ont propulsé leur champion à l’Elysée l’an dernier.

Les « Jeunes actifs » du 12ème arrondissement sont presque aussi cools que les jeunes groupies de Delanoë, d’ailleurs ils organisent des « cocktails dinatoires » dans des bars mexicains à Bastille, c’est dire… Ainsi, mercredi dernier (16 janvier), ils s’étaient rassemblés au Chihuahua, boulevard de Bastille, le long du port de l’Arsenal, pour présenter, avec Madame de Panafieu, les têtes de liste UMP de l’est parisien, dont leurs héros locaux, Jean-Marie Cavada et Christine Lagarde, respectivement numéro 1 et numéro 2 dans le 12ème. L’est parisien (10ème, 11ème, 12ème, 13ème, 18ème, 19ème, 20ème), rappelons-le, c’est l’exact opposé de l’ouest, un point cardinal où la droite, s’étant fait laminée en 2001, ne contrôle aucune mairie. Il va donc y avoir du boulot !

Mais quand on en est jeunes et actifs, on n’a peur de rien… Pas même de faire du 18ème (fief de Bertrand Delanoë, Daniel Vaillant et d’un certain Lionel Jospin) un « cimetière des éléphants » ! Bon courage, donc. Pour le reste, on veut « réveiller » des quartiers endormis, « redynamiser » le tissu économique et social, favoriser un « urbanisme attractif », et passer un coup de balai sur des « trottoirs jonchés de détritus ». Vous ne le saviez pas encore, les « Jeunes actifs » vous le révèlent : Paris est une ville dortoir, sale et moche… Expliquez-nous!

J’ai demandé à Christine Lagarde s’il fallait construire des tours à Paris, notamment le long du périphérique. C’est un sujet sensible sur lequel aucun état-major politique ne donne de lignes claires, de peur d’effrayer des électeurs nostalgiques du bon baron Haussmann. La ministre de l’Economie et des Finances (qui se targue sans sourciller de « travailler et habiter dans le 12ème », cf appartement de fonction à Bercy), répond avec conviction, large sourire et foulard Hermès noué, mais pas trop…

J’ai demandé grosso modo la même chose à Jean-Claude Beaujour, tête de liste dans le 20ème arrondissement. Il semble sur la même longueur d’onde.

Je suis allé voir Zahava Drogoczyner, dont le statut UMP est à la limite de l’irrégularité : elle travaille (inspectrice du Trésor Public à Bercy) mais n’a que 27 ans. Jeune Pop ou Jeune active ? Les deux mon capitaine, et on n’en parle plus. Ca va pour cette fois, mais qu’on ne vous y reprenne pas. Elle paraît surprise que Christine Lagarde soit favorable à des tours, ou du moins à une modernisation de l’architecture. Pour Zahava, les tours c’est niet. Passent encore dans le 13ème. Mais dans le 12ème, impossible. Ca « défigure », dit-elle :

Mme de Panafieu a-t-elle une chance d’attirer les jeunes, auprès desquels M. Delanoë est très populaire ? Zahava veut y croire. Soulevez le rideau de fumée de la « comm » de Monsieur le Maire et voyez plutôt. Un exemple ? Paris-Plages :

Retour à Beaujour. Comment on « redynamise l’activité », monsieur le candidat ?

Jean-Marie Cavada n’a pas souhaité répondre à ma question sur l’urbanisme. Il m’a dit « ouh la la, mais on peut pas répondre à des questions aussi complexes comme ça en 2 minutes ». Et puis vous pensez bien, il s’était levé à 6h ce jour-là donc il était « l’heure de fermer les volets ». Naïvement, je croyais que ce genre de recontres était l’occasion pour les candidats de répondre aux questions des citoyens. Bizarre pour un ex-journaliste. Il doit préférer poser les questions, au fond. Enfin, il m’a enjoint à le rencontrer un de ces quatre dans sa permanence de campagne. Savez-vous où elle se situe ? Réponse en chanson :

Tiens, pour la blague… Pour ceux qui se demandaient encore à quoi servait Christine Lagarde au gouvernement :

A bientôt dans le 12ème !

PS: pour suivre l’intégralité de la campagne des municipales à Paris couverte par les étudiants en journalisme de Sciences Po, allez sur http://muniparis.wordpress.com