Howard Dean sans chichi

Howard Dean était samedi matin sur le campus de Mizzou (petit nom de University of Missouri).

Howard Dean est le chef du comité national du Parti démocrate. C’est donc, disons pour faire court, l’équivalent de notre François Hollande national. Il fut aussi gouverneur de l’Etat de Vermont, dans le Nord-Est des Etats-Unis, quand d’autres dirigent le Conseil général de Corrèze, dans le ventre de la France. Et il fut candidat malheureux aux primaires démocrates pour la présidentielle de 2004, à relativiser devant la frustration d’échouer au poste de Première Dame de France. Je m’égare…

Howard Dean, donc, était samedi matin sur le campus de Mizzou. Une étape parmi tant d’autres sur la longue route des campus américains qu’entreprend Howard Dean à bord de son bus bleu « Register For Change » (« Inscrivez-vous pour que ça change »). Car les Démocrates ont fait leur compte : cette fois, pour gagner, ils doivent absolument faire venir aux urnes les primo-votants, ces nouveaux électeurs plus enclins à voter Obama mais qui, par flemme ou simple oubli, ne s’inscrivent pas sur les listes à temps. Le président des College Democrats de Mizzou ne cesse de le répéter avec un ton grave : « Without first-time voters, Obama is not going to win« . Etudiants, vous êtes prévenus !

Le président des College Democrats de university of Missouri

L’ambiance ce matin était très bonne franquette, provinciale allais-je dire mais disons-le malgré le politiquement correct. Howard Dean est descendu de son bus comme si je descendais de ma voiture, sans chichi. Ah si, il y avait quand même Bruce Springsteen (« The Rising« , véritable hymne des Démocrates) à fond dans la sono. Et une centaine de personnes (peut-être 150) qui attendaient, pancartes à la main. Son discours fut efficace, s’attardant sur les problèmes économiques et sociaux, la précarisation des étudiants (forcément) et l’absence de couverture maladie universelle, thèmes largement applaudis.

Howard Dean

Et puis, Howard Dean s’est longuement arrêté sur l’image (désastreuse) des Etats-Unis dans le monde depuis l’invasion en Irak, rappelant qu’il était temps pour Washington de rétablir « l’autorité morale » du pays sur la scène internationale. Il a rendu un vibrant hommage aux « idéalistes » Truman, Kennedy, Johnson, et Clinton par opposition aux « cyniques » présidents républicains. Il rappela au passage que, selon lui, l’Union européenne prospère, les négociations au Proche-Orient et la paix en Irlande du Nord étaient l’oeuvre de présidents démocrates à l’autorité morale suffisamment forte pour rassembler autour de la table des leaders prompts au changement. Et d’annoncer fièrement que deux nouvelles catégories d’électeurs d’habitude acquis aux Républicains devraient cette fois se ranger aux côtés des Démocrates (ou des idéalistes donc) : les militaires, déprimés par l’Irak, et les businessmen expatriés, qui souffrent de la mauvaise image de leur pays quand vient l’heure de signer des contrats.

Comme on est aux Etats-Unis, Howard Dean était très à l’aise, genre je-suis-en-polo-et-je-lis-même-pas-mes-notes. Après son discours, il s’est naturellement plié au jeu des photos dans la foule, une tape sur l’épaule, une blague avec le voisin, un clin d’oeil à la dame. Quand en France, le sourire fait forcé, ici il passe parfaitement. Les étudiants surexcités de poser avec Howard Dean jetaient leurs appareils photo au garde du corps qui s’exécutait sans broncher.

Mais les étudiants n’étaient pas les seuls réveillés ce matin. Les vieux routiers que l’on croise à chaque meeting avaient bien sûr fait le déplacement.

J’ai attrapé Howard Dean avant qu’il ne remonte dans son bus pour lui demander ce que l’élection de Barack Obama changerait dans les relations franco-américaines. Il m’a répondu que, premièrement, celles-ci s’étaient déjà pas mal réchauffées depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy et son engagement à gagner la guerre contre le terrorisme (aux USA, Sarkozy a, est-ce vraiment surprenant, autant la cote auprès des Démocrates que des Républicains, ndlr). Et que, deuxièmement, pour faire court, les relations ne pourraient qu’être meilleures avec Barack Obama, bien décidé à collaborer avec ses alliés.

Merci Howard, et bon trip !


Obama vu de mon théâtre

C’était jeudi dernier (28 août), au « Blue Note », dans la petite ville de Columbia, Missouri. Des supporters déchaînés suivaient sur écran géant Barack Obama donner son discours de candidat officiel du Parti démocrate à l’élection présidentielle depuis Denver, Colorado. Le discours était précédé de la projection d’un film sur la vie de Barack (et donc de Michelle, de la maman de Barack…). Les organisateurs démocrates de cette « Watch Party » s’étaient appliqués à faire de l’évènement une grande fête. Voilà cette folle soirée, 100% américaine, résumée en 5 minutes de son (en anglais évidemment, cliquer sur le haut parleur) et quelques photos (pas assez pour couvrir tout l’extrait sonore, désolé).